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Sérologie SARS-CoV-2 anno 2023

02-10-2023

Le SARS-CoV-2 est un virus à ARN dont la membrane ou l'enveloppe contient plusieurs protéines (figure 1). Après l'infection, l'organisme produit principalement des anticorps anti-nucléocapside (N) et anti-spike (S), raison pour laquelle ils sont généralement mesurés en laboratoire. Les anticorps dirigés contre la protéine spike sont quantitativement corrélés au degré de protection. En d'autres termes, plus le titre est élevé, plus la personne est protégée contre la maladie, et en particulier contre les maladies graves.

Figure 1 : Structure du SARS-CoV-2 et anticorps les plus courants mesurés en laboratoire. Figure adaptée de Ling Ni et al 2020.

Les vaccins SARS-CoV-2 utilisés en Belgique contiennent de l'ARNm (Pfizer Comirnaty, Moderna Spikevax) ou de l'ADN (Vaxzevria AstraZeneca, Janssen) codant pour la protéine spike du virus. Comme ces vaccins ne contiennent pas de matériel génétique codant pour la protéine de la nucléocapside, ils ne peuvent pas provoquer d'anticorps anti-N (seulement des anticorps anti-S).

Les anticorps anti-S diminuent avec le temps (et les coronavirus ont tendance à muter leur surface), de sorte que des infections se produisent malgré une vaccination ou une infection antérieure. C'est ce qui justifie l'administration répétée de vaccins de rappel.

Le gradient d'anticorps après une infection ou un vaccin de rappel est différent, les vaccinations entraînant généralement un titre plus élevé qu'une infection "naturelle", puis une diminution (initialement) plus rapide (figure 2)

Diagnostic de la réinfection

Le moyen le plus simple de diagnostiquer une réinfection est de mettre en évidence l'ARN viral dans un écouvillon nasopharyngé par PCR. Un test antigénique est également possible, mais il est moins sensible. Cependant, il arrive que le laboratoire soit invité à diagnostiquer une infection par le SARS-CoV-2 plusieurs semaines après un éventuel épisode infectieux. Une (ré)infection peut alors être établie par sérologie sanguine de deux manières différentes:

Figure 2 : Evolution moyenne des anticorps anti-S après l'infection et après le rappel du vaccin.

  1. En cas d'échantillons séquentiels (avec exemples)
    1. Augmentation du titre d'anti-S : le patient a été vacciné pour la dernière fois en octobre 2022. En avril 2023, le patient présente un titre d'anti-S d'indice 20 lors d'une prise de sang de routine. En juin 2023, le patient consulte à nouveau, dit avoir eu des symptômes d'infection virale il y a quelques semaines (trop tard pour la PCR), le titre d'anti-S sur le sang est de 40. Il s'agit d'un doublement du titre d'anti-S sans vaccination, ce qui est probant d'une infection naturelle dans l'intervalle (entre avril et juin 2023).
    2. Séroconversion anti-N : si le patient de l'exemple précédent avait un anti-N négatif en avril 2023 et positif en juin 2023, ceci est également probant pour l'infection naturelle.
  2. Dans le cas d'un échantillon unique : titre (trop) élevé avant la période suivant la vaccination
    1. Imaginons notre patient dont le dernier rappel de vaccin date d'octobre 2022. Lors d'une prise de sang effectuée fin septembre 2023, l'indice anti-S s'avère être de 50. La figure montre que nous attendons normalement un titre autour de l'indice 10 environ 365 jours après la vaccination. Dans le cas présent, on peut donc supposer qu'un renforcement du système immunitaire s'est produit entre-temps. Si le patient n'a pas été vacciné, cela suggère également une (ré)infection naturelle entre octobre 2022 et septembre 2023.

Il convient de noter qu'il existe une grande variabilité interindividuelle dans la quantité d'anticorps après la vaccination ou l'infection. Par conséquent, lorsque l'on fait des déclarations sur les réinfections, il faut toujours calculer une marge au-dessus du graphique de la figure 2.

Messages à retenir concernant le diagnostic de (ré)infection par sérologie

  • Anti-S avec un indice ≥50 (surtout si ≥100) lorsque la vaccination a eu lieu il y a plus de 8 mois. Conséquence : suggère une (ré)infection entre-temps.
  • Séroconversion anti-N. Conséquence : (ré)infection
  • Augmentation du titre des anti-S sur un échantillon séquentiel au moins 2 semaines plus tard. Résultat : (ré)infection