
Hausse alarmante des infections invasives à pneumocoques : que disent les dernières données ?
31-01-2025
Après des années de relative stabilité, les taux d'infections pneumococciques invasives (IPD) repartent à la hausse. Le Centre national de référence (CNR) pour Streptococcus pneumoniae signale un nombre record d'isolats d'infections invasives à pneumocoques en 2024, avec un pic en décembre. Qu'est-ce que cela signifie pour la santé publique ? Et surtout, que pouvons-nous faire?
Un nombre record d'infections en 2024
En 2023, le nombre de cas de maladies infectieuses transmissibles avait déjà atteint 1 750, mais en 2024, ce record a été pulvérisé : 2 120 cas. Le mois de décembre, en particulier, a connu un pic remarquable avec plus de 340 cas, soit le nombre mensuel le plus élevé depuis le début de la surveillance.
Cette augmentation n'est pas limitée à un groupe d'âge spécifique. Un plus grand nombre de cas a été signalé dans presque tous les groupes d'âge, l'augmentation la plus forte étant observée chez les jeunes enfants (2-4 ans, +37%) et les personnes âgées (65-84 ans, +34%).
Figure 1 : Tendances du nombre d'isolats de DPI reçus par le CNR de 2015 à 2024. Seuls les isolats invasifs de S. pneumoniae (par exemple, les types d'échantillons de sang, de LCR, etc.) ont été pris en compte. Source : Sciensano
Émergence du sérotype 12f : la nouvelle souche dominante
L'une des tendances les plus frappantes est l'émergence rapide du sérotype 12F, qui représentait près de 15 % de tous les cas de PI en 2024, soit un doublement par rapport à 2023. D'autres sérotypes, comme le 14, le 9N et le 24F, ont également connu une forte augmentation, tandis que les sérotypes 8, 3, 4 et 19A sont restés stables.
La majorité des cas ont été identifiés par hémoculture, mais le nombre de cas de méningite à pneumocoque a également augmenté, passant de 108 en 2023 à 130 en 2024.
La vaccination comme arme principale
La conclusion la plus inquiétante ? Plus de 70 % des cas de DPI en 2024 ont été causés par des sérotypes déjà inclus dans le vaccin pneumococcique conjugué 20-valent. Cela signifie qu'une grande partie de ces infections aurait théoriquement pu être évitée avec une politique de vaccination plus large.
Les données de janvier 2025 montrent que la tendance se poursuit, avec déjà 193 cas d'IPD au cours des 20 premiers jours de l'année. Cela souligne la nécessité d'agir.
Il est temps d'adopter une meilleure stratégie de prévention
Cette augmentation explosive des infections à pneumocoques est un signal d'alarme. Les chiffres prouvent qu'une mise en œuvre plus large de la vaccination antipneumococcique avec un vaccin plus puissant est cruciale pour protéger les groupes vulnérables et réduire la charge sur le système de soins de santé.
La Belgique est-elle à la traîne dans ce domaine ? Faut-il élargir les campagnes de vaccination ? Il est temps d'en discuter et d'agir avant que les chiffres n'augmentent encore.

Figure 2 : Nombre d'isolats IPD par mois au CNR UZ Leuven pour 2023 et 2024, comparé au nombre moyen d'isolats pour les années pré-COVID 2015 -2019 (avec écart-type). Source : Sciensano
Source : Sciensano